Le magasin Torgsin
«Environ un quart d’heure après le début de l’incendie rue Sadovaïa, un long citoyen en costume à carreaux, accompagné d’un gros chat noir, se présentait devant les portes vitrées du Magasin étranger, au marché de la place de Smolensk».
Les lecteurs de la traduction française de Claude Ligny en Marianne Gourg et ceux de la traduction anglaise de Pevear et Volokhonski ne le savent pas, mais les lecteurs de presque toutes les autres traductions du Maître et Marguerite connaissent le nom du grand magasin dans lequel Koroviev et Béhémoth font tant de bruit au chapitre 28. Ce grand magasin s’appelle Torgsin. On ignore pourquoi Ligny et Gourg et leurs collègues anglais ne se sont pas contentés de juste recopier le mot Торгсин [Torgsin] du texte original. Mais bon, Torgsin est une contraction soviétique typique pour Торговля с иностранцами [Torgovlia s inostrantsami] ou Commerce avec les étrangers. C'était le nom pour ce genre de magasins qui a existé de 1931 à 1936. En théorie, quelqu'un avec des devises dures ou des objets de valeur pourrait entrer dans ce magasin et acheter des marchandises comme les aliments et les vêtements qu’il était impossibles d’obtenir autrement par les citoyens soviétiques dans des magasins normaux. Il y avait, évidemment, les gardes de sécurité à la porte qui ne laissaient pas entrer les gens quand ils n’avaient pas de devises.
Le but du magasin Torgsin était de recueillir autant de devises étrangères que possible en offrant des marchandises de qualité aux employés des représentations étrangères, aux touristes et aux ingénieurs coopéranst dans les projets entrepris pour réaliser les premiers plans quinquennaux de Joseph Vissarionovitch Staline (1878-1953), pourvu qu'ils avaient des devises, de l'or ou des bijoux.
Comme les objectifs planifiés n'ont pas été réalisés, l'argent en abondance qui avait été attendu de l'exportation de blé n'est pas arrivé, donc quelque chose a dû être organisée dans le pays pour obtenir des devises étrangères.
Le magasin Torgsin était un peu différent d'une берёзка [beriozka] qui a été introduit dans la société soviétique plus tard, en 1964.
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Comme les citoyens soviétiques ne pouvaient pas avoir des devises, ils attendaient souvent près des magasins et proposaient de racheter certains des achats «exotiques» faits par les étrangers quand ils quittaient le magasin.
Le magasin spécifique mentionné dans le roman est situé à la place Smolenskaïa, au coin de l’Arbat et de la Ceinture des Jardins. Il fonctionne toujours comme un supermarché à haut gamme aujourd'hui, faisant parti de la chaîne Gastronom. C'est le seul magasin à Moscou où j'ai pu trouver des légumes typiquement belges comme «witloof» (chicons), et ils ont certains jours de délicieuses baguettes, plus françaises qu'en France!
Le Torgsin à Smolenskaïa
Métro: Смоленская (Smolenskaya)
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