Le Maître et Marguerite - 2024

Michael Lockshin

Le 25 janvier 2024, le film Le Maître et Marguerite réalisé par Michael Lockshin a eu sa première dans les salles de cinéma russes. Ce film a connu un développement mouvementé depuis le début du projet en 2018, dont vous pouvez en savoir plus en cliquant sur le lien ci-dessous.


Suivant


Le film

Les visiteurs réguliers de ce site savent qu'il y a trois intrigues dans le roman Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov: l'histoire biblique, l'histoire du diable à Moscou et l'histoire d'amour du maître et de Marguerite. Dans ce film s'ajoute une quatrième histoire. Cette quatrième histoire raconte comment un écrivain, appelé le maître, écrit un roman sur lui-même, sur sa bien-aimée Marguerite et sur les personnes qui les entourent et qui influencent leur vie. Le roman du maître est intitulé - vous l'aurez peut-être deviné - Le Maître et Marguerite.

Trouvez-vous cela un peu déroutant? Rassurez-vous, les scénaristes de ce film ont apparemment été assez confus eux-mêmes à cause de cette dimension supplémentaire. Dans son roman, Boulgakov présente d'abord les trois intrigues en parallèle de manière claire et, à la fin, il les relie parfaitement à une histoire cohérente. Dans ce film, par contre, la confusion est complète. Durant les 2 heures et 37 minutes du film, les événements sautent de manière rapide et chaotique d'une intrigue à l'autre, sans qu'il y ait de liens dramatiques ou de points logiques pour justifierles auts, et selon une chronologie souvent incompréhensible.

Julia Snigir (Marguerite) et Yevguéni Tsyganov (Le maître)
Julia Snigir (Marguerite) et Yevguéni Tsyganov (Le maître)

Le scénario

Quoi qu’il en soit, essayons de décrire au mieux le déroulement du film. La scène d'ouverture est la scène dans la Maison DramlitMarguerite détruit l'appartement du critique Latounski, ou, autrement dit: une scène du chapitre 21 du roman. Nous voyons ensuite un dramaturge à succès appelé le maître qui se rend à un théâtre à Moscou pour assister à une répétition de sa pièce Pilate. À l'entrée du théâtre, on se rend compte à quel point il est populaire: des femmes l'attendent pour lui demander un autographe - une référence à l'époque où la pièce de Boulgakov Les Jours des Tourbine était représentée 987 fois avec un grand succès au Théâtre d'art de Moscou. Cette mise en scène est très similaire à la scène d'ouverture du film Il maestro e Margherita de 1972 du réalisateur serbe Aleksandar Petrović. L'une des femmes qui s'approchent du maître est la rousse Gala, avec qui il convient de l'accompager plus tard dans la journée à la Maison des écrivains Griboïedov où ils rencontreront son ami Aloisi Mogarytch.

Mais avant tout, le maître est attendu à l'Union des écrivains pour répondre à des questions sur sa pièce Pilate lors d'un tribunal public. Après tout, les censeurs veulent faire supprimer sa pièce sous le slogan: «ce qui est autorisé aujourd'hui peut être interdit demain». Cette séance rappelle également le film d'Aleksandar Petrović de 1972. Au cours de l'audience, des allégations sont formulées par le critique Latounski et le baron Meigel, pendant que le poète Biezdomny entretient le public avec ses improvisations poétiques.

Plus tard dans la soirée, alors qu'il se trouve à Griboïedov avec Gala et Mogarytch, le maître apprend qu'il a de nombreux de sympathisants parmi les écrivains moscovites et qu'ils ont même convenu d'avoir une manifestation le lendemain dans les rues de Moscou contre la censure des écrivains - même sachant que, ce même jour, il y aura également un grand défilé du Parti communiste dans les rues de Moscou pour fêter le 1er mai. Lorsque le maître remarque que le critique Latounski entre également dans la Maison des écrivains, il veut lui parler, mais il est arrêté par le responsable de la salle et il est obligé de remettre sa carte de membre de l'Union des écrivains et de quitter la Maison des écrivains. A l'extérieur du bâtiment, il rencontre alors le professeur allemand Woland, à qui il raconte brièvement son histoire. Quand Woland veut partir en taxi, le maître remarque que Gala monte également dans la voiture du professeur.

August Diehl
August Diehl (Woland)

Le lendemain matin, seules deux personnes se présentent à la Maison des écrivains pour manifester: le maître et Mogarytch. Par contre, une foule nombreuse s'est rassemblée pour le défilé du 1er mai. Parmi les milliers de participants et de spectateurs, de nombreuses femmes marchent avec un bouquet de fleurs jaunes à la main. L'une de ces femmes, Marguerite, traîne le maître hors de la rue et l'emmène à part. Ils se regardent dans les yeux pendant un moment, puis se promènent ensemble dans la ville. C'est le début d'une relation à travers laquelle on apprend l'histoire du roman du maître. Il lui raconte quelques scènes lorsqu'ils passent devant les lieux d'action au cours de leur promenade. Lorsqu'ils se promènent le long de l'étang du Patriarche, par exemple, il parle de Berlioz et Biezdomny, et dans la rue Bolchaïa Sadovaïa il raconte comment Woland et «son entourage» y ont saisi l'appartement de Stiopa Likhodeïev. D'autres scènes nous sont présentées à partir de fragments que Marguerite lit dans les manuscrits du maître. Cependant, tant les scènes racontées par le maître que les scènes que Marguerite lit s'écartent souvent fortement de ce que Boulgakov a écrit dans Le Maître et Marguerite, tant au niveau du scénario que de l'ambiance. Jugez par vous-même en regardant le fragment ci-dessous, qui montre la célèbre scène avec les fleurs jaunes.

Le fragment ci-dessus ne contient qu’un petit ajout, un clin d’œil, une petie blague qui peut encore être appréciée. Mais à d'autres endroits, le film s'écarte tellement du roman de Boulgakov qu'il fait réellement une injustice à l'auteur. On invente parfois des scènes entières qui n'apparaissent pas du tout dans le roman et dont la valeur ajoutée est inexistante ou fort discutable. Les scènes dans lesquelles les réalisateurs de ce film s'écartent du roman sont également les scènes les plus faibles du film. En termes de contenu, elles n'ajoutent rien à l'histoire et constituent parfois une insulte au talent littéraire de Boulgakov. À plusieurs endroits, ce film montre des images incroyablement spectaculaires pour lesquelles aucune explication raisonnable ne peut être trouvée. Le tonnerre explosif des mitrailleuses et des explosions, les cris hystériques et incohérents du personnage qui est censé de représenter Koroviev, les décors futuristes monumentaux et sans âme... ils ne servent apparemment que de diversion pour masquer le manque de créativité des producteurs.

Le meilleur exemple de ce gâchis est le spectacle de Woland au théâtre. Dans le roman de Boulgakov, les gens font la queue pour assister au spectacle de magie noire qui sera présenté au Théâtre des Variétés, mais dans ce film-ci, les choses sont quelque peu différentes. Puisque Pilate, la pièce écrite par le maître, ne peut plus être représentée, le théâtre a préparé un programme de remplacement: En avant vers le avenir est le titre d'un spectacle de chant et de danse de propagande glorifiant le régime soviétique. Le maître va le regarder avec Woland. Au bout d'un moment, Woland s'excuse. Il disparaît de son siège et s'assoit quelques instants plus tard dans un fauteuil au sommet de la scène, où il observe comment son entourage, composé de Koroviev, Béhémoth et Azazello, perturbe la représentation prévue et crée un spectacle en envoyant de l'argent sur le public avec l'aide de deux mitrailleuses qui tirent bien trop longtemps, en décapitant le maître de cérémonie, et en ouvrant une boutique pour femmes avec des modèles parisiens. Tout comme dans le roman, pourriez-vous penser – mais malheureusement ce n’est pas le cas. Le spectacle est mis en scène de manière tellement exagérée que le spectateur est submergé d'un sentiment d'embarras par procuration.

Et comme si notre tolérance n'avait pas encore été suffisamment mise à l'épreuve: le fragment le plus incroyable de tout le film est le moment où, après la représentation, le maître quitte le théâtre avec Woland, et il ne semble même pas se rendre compte que c'était son compagnon qui avait dirigé tout le spectacle.

Après un moment de réflexion, le maître et Marguerite conviennent de se retrouver à l'aéroport le lendemain matin pour aller dans un endroit où ils pourront se détendre. Après le départ de Marguerite, Woland rend visite au maître. Ils vont ensemble à une fête chez Lichodeev, car Woland veut lui montrer ce que c'est «un bal où tous les mauvais esprits sont unis». Après cette fête, pendant qu'ils en discutent encore dans le souterrain, ils entendent arriver la police secrète. Le maître parvient encore à brûler rapidement son roman avant d'être arrêté. Il est envoyé à la clinique du docteur Stravinsky, où il reçoit la visite du baron Meigel. Meigel tente de «récupérer» le maître en lui proposant un emploi permanent, avec des avantages comme une datcha et une voiture avec chauffeur, mais le maître refuse de s'adapter. Woland lui rend également visite à la clinique. Depuis le balcon, ce dernier montre au maître ce qui va se passer plus tard de Pilate et Yeshoua Ha-Nozri.

Pendant ce temps, Marguerite a attendu en vain le maître à l'aéroport et et elle va le chercher. À sa grande surprise, elle remarque que Mogarych vit désormais au sous-sol. Sous la contrainte, il lui dit que le maître se trouve dans la clinique du docteur Stravinski. Elle se rend à la clinique mais ne réussit pas à voir le maître. Cependant, l'infirmière Proskofia Fedorovna lui dit que le maître a terminé son roman et elle lui remet le manuscrit.

On voit alors des versions fort abrégées des derniers chapitres du roman de Boulgakov. Azazello offre une crème à Marguerite, Marguerite vole vers le bal sur un balai et Woland veille à ce que le maître et Marguerite soient réunis après le bal. En ce moment, la police secrète envahit l'appartement. Cependant, les forces armées ne trouvent que Béhémoth, qui leur tire dessus depuis le lustre. À la suite de la fusillade, non seulement l'appartement prend feu, mais presque tous les bâtiments de Moscou sont détruits par des explosions et des incendies. Woland et sa suite, accompagnés du maître et de Marguerite, regardent la ville de Moscou, qui a été presque entièrement détruite - une référence à la fin que Boulgakov avait prévue pour l'une des premières versions de son roman. Pendant que le groupe observe les ruines, on voit un zeppelin s'approcher dans le ciel brûlant pour récupérer Woland et son entourage pour quitter Moscou. Enfin, on voit le maître et Marguerite vivre heureux et paisiblement ensemble dans le jardin de leur petite maison, suivi de quelques images de personnages étranges et de dialogues bizarres qui peuvent avoir un sens dans l'esprit des cinéastes, mais pas dans celui des amateurs de Boulgakov et du Maître et Marguerite.

Critique du film

En principe, je n’ai aucune objection lorsqu’un film n’est pas vraiment une transcription littérale du livre sur lequel il est basé. Mais le 28 avril 2023, la société de production Mars Media a annoncé que le titre original du film - Woland - deviendrait Le Maître et Marguerite dans le but de «combiner la puissance et l'esprit du roman avec l'histoire que nous voulons raconter au public avec notre film». Ce changement a fait croire à de nombreux fans de Boulgakov que, malgré les rapports précédents, le film s'orientait vers une version cinématographique raisonnablement fidèle du roman - quod non. Après avoir regardé le film deux fois, je me demande encore en quoi consiste «l'histoire qu'ils veulent raconter au public avec leur film».

Après tout, le film est assez aléatoire: J'ai vu de bonnes scènes alterner avec des scènes carrément faibles. Parfois, je regardais une bonne scène avec beaucoup d'intérêt, même si elle était souvent brusquement coupée au milieu d'une phrase sans raison apparente. À d'autres moments, je me retrouvais à regarder avec ennui la barre d'avancement de mon lecteur vidéo pour voir combien de temps cela durerait.

De nombreux cinéastes disent qu'il est difficile de transformer un roman aussi complexe que Le Maître et Marguerite en un film de 2,5 heures. Il y a bien sûr une part de vérité là-dedans. Et c'est précisément pour cette raison qu'il est dommage que dans ce film, au moins 30 à 45 minutes soient utilisées pour des scènes trop longues ou des scènes sans aucune valeur ajoutée pour le scénario ou l'atmosphère de «l'histoire que nous voulons raconter au public avec notre film». Le temps perdu aurait facilement pu être utilisé pour insérer de meilleures scènes - des scènes qui auraient pu donner plus de profondeur à l'ensemble du film ou qui auraient pu rendre beaucoup plus justice à des éléments sous-utilisés comme, par exemple, le chat Béhémoth. Après tout, les amateurs du roman de Boulgakov seront certainement déçus lorsqu'ils remarqueront la présence minime de l'un des personnages les plus caractéristiques du roman dans ce film. D’un autre côté, il est également surprenant de voir à quel point des personnages secondaires du roman jouent un rôle bien plus important dans le film. Par exemple, Aloisi Mogarytch, le critique Latounski, le baron Meigel et la vampire Hella apparaissent plus souvent que Behemoth et jouent un rôle plus actif que cette icône du roman de Boulgakov.

Polina Aug (Hella)
Polina Aug (Hella)

Il est fort possible que le rôle limité de Behemoth soit le résultat des problèmes rencontrés par le film lors de la production. Au début du projet, il y avait un accord avec le géant américain des médias Universal Pictures permettant à la maison de production de s'appuyer sur les technologies que Disney a utilisées en 2019 pour l reprise du Roi Lion pour créer une animation tridimensionnelle pour le rôle. de Béhémoth. Mais en août 2022, Universal Pictures s’est retiré de la Russie en raison de l’invasion de l’Ukraine. En ce moment, la plupart du travail sur les animations de Béhémoth restait encore à faire. Pour aggraver les choses, le Фонд Кино [Fond Kino], ou le Fonds fédéral de soutien économique et social à la cinématographie russe, contrôlé par le Kremlin, a refusé de fournir tout financement supplémentaire. Ce refus pourrait aussi être lié à l'attitude du réalisateur Michael Lockshin à l'égard de la guerre en Ukraine. Sur ses réseaux sociaux, il a condamné à plusieurs reprises la guerre russe en Ukraine et il a clairement exprimé son soutien au réalisateur Kirill Serebrennikov, arrêté en août 2017 sur base des allégations mises en scène. Pour en savoir plus sur Kirill Serebrennikov, cliquez sur la flèche ci-dessous


Next


Danil Steklov (Ivan Bezdomny)
Danil Steklov (Ivan Biezdomni)

Facteurs perturbateurs

Le film contient également des éléments perturbants dans divers domaines. Un exemple de facteurs perturbants est le décor grandiloquent des tournages extérieurs, transformant Moscou en une sorte de ville futuriste avec d'étonnants immeubles de grande hauteur qui n'ont jamais existé et avec des zeppelins qui fendent les airs comme s'il s'agissait de l'adaptation cinématographique d'une œuvre de Jules Verne. L'un de ces bâtiments qui n'ont jamais existé, le Palais des Soviets était l'un des rêves mégalomanes de Staline qui ne s'est jamais réalisé, bien que la cathédrale du Christ-Sauveur ait été détruite pour cela en 1936. Je me demande comment cela puisse aider à clarifier «l'histoire que nous voulons raconter au public avec notre film».

Cliquez sur la flèche ci-dessous pour en savoir plus sur le Palais des Soviets


Next


Un autre décor, celui de la Maison Griboïedov, semble provenir du film The Great Gatsby de Baz Luhrman - un réalisateur dont le nom a d'ailleurs circulé en 2017 comme possible réalisateur de ce film-ci.

Un autre facteur troublant est la façon dont les langues étrangères sont gérées dans ce film. Woland et le maître se parlent en allemand, tandis que Ponce Pilate parle latin avec Yeshoua Ha-Nozri et araméen avec le grand prêtre Caïphe. Leurs dialogues sont doublés par une voix de basse russe monotone et sans émotion, de sorte que vous entendez deux voix en même temps. Depuis l'époque où je vivais à Moscou, je me souviens que les films étrangers sont souvent doublés de cette façon en Russie, mais à mon humble avis, cela aurait été moins déroutant si le problème avait été résolu avec des sous-titres. Dans un film comme celui-ci, réalisé avec des outils high-tech et probablement coûteux, ce doublage de voix donne une piètre impression d'amateurisme.


Le scénario a-t-il été volé?

En 2021, alors que le film avait encore le titre de Woland et que Nikolaï Lebedev a été remplacé comme réalisateur par Michael Lockshin, le coproducteur Ruben Dichdichan a annoncé que le scénario de Woland avait été écrit par le Russe Roman Sergueïevitch Kantor. Mais à ce sujet des doutes sont apparus plus tard.

Peu de temps après la première, une réponse indignée au film d'Elena Youschenko est apparue sur les réseaux sociaux. Youschenko avait traduit Le Maître et Marguerite en anglais dans le cadre d'un projet de diplôme. 15 ans et 8 révisions plus tard, elle a publié sa traduction en auto-édition en 2021. En 1919, elle décrivit ses expériences dans un essai intitulé Peculiarities of translation «Master and Margarita» (Particularités de la traduction du «Maître et Marguerite»). Elle publie régulièrement sa vision singulière mais originale du roman, de l'auteur et des opinions des autres sur les réseaux sociaux.

Dans sa réponse au film, Youschenko a déclaré le 13 février 2024 qu'elle avait déjà écrit le scénario de ce film en 2019 et a accusé les réalisateurs, et en particulier le coproducteur Leonard Blavatnik, de lui avoir volé son scénario:

«En 2020, je suis entré en contact avec Leonard Blavatnik, qui était […] le principal producteur de l'éventuel film de Baz Luhrmann. Le grand réalisateur n’a pas écrit lui-même le scénario, comme il l’a toujours fait.

Au départ, j'ai reçu un e-mail de Blavatnik me demandant de lui rappeler mon travail dans trois mois. Trois mois plus tard, son assistant Danny Cohen m'a écrit en demandant de lui envoyer mon scénario dans le but de l’évaluér.

Comme vous pouvez l'imaginer, personne ne m'a jamais fait part de commentaires car mon scénario est protégé par la WGA (Writers Guild of America) et de la Bibliothèque du Congrès. Ainsi, toute copie ou reproduction de toute partie de mon œuvre sur le territoire des États-Unis est exclue. Cependant, il n'y a pas de droit d'auteur sur le territoire de la Russie et vous ne pourrez jamais prouver que même un extrait a été reproduite sur écran, même si des professionnels qualifiés arrivent à cette conclusion».

Le 1er mai 2024, elle poursuit: «En pratique, j'ai rendu pratiquement impossible de produire un autre film sous le même titre du ‘Maître et Marguerite'. Même s'il n'était pas protégé par les lois russes sur le cinéma, car je n'avais aucune idée de la manière dont les producteurs avaient pris la décision d'utiliser mon scénario anglais en Russie par un réalisateur anglophone».

Je ne sais pas si Elena Youschenko prendra d'autres mesures et quel effet cela pourrait avoir sur une éventuelle distribution du film en dehors des pays de l'ex-Union soviétique. Dans tous les cas, nous vous tiendrons informés ici des éventuelles nouveautés.

Elena Youschenko
Elena Youschenko


Réception.

Le Maître et Marguerite de Michael Lockshin a obtenu une appréciation moyenne de 7,9/10 avec plus de 43 000 réactions sur le site KinoPoisk et a dominé la vente des billets en Russie lors de sa première semaine, avec un chiffre d'affaires de 57,3 millions de roubles (581 000 euros) le jour de sa première, mais le réalisateur s'est fait des ennemis avant qu'un seul billet ne soit vendu.

Les attaques les plus virulentes furent lancées par Vladimir Soloviev dans Une soirée avec Vladimir Soloviev sur la chaîne de télévision Rossia 1. Soloviev, le présentateur de cette émission-débat quotidienne - ou plutôt «émission-altercation» - idolâtre Vladimir Poutine et traite les opposants du président comme «la merde éternelle à deux pour cent». Il a dit que tous les Ukrainiens feraient mieux de disparaître du monde. Il a qualifié le film de Michael Lockshin comme anti-russe et il a montré des captures d'écran des publications du réalisateur sur les réseaux sociaux, dans lesquelles Lockshin avait préconisé l'indemnisation des dommages causés à l'Ukraine et souhaité que les forces armées ukrainiennes gagnent. Les invités de Soloviev ont répondu en disant - ou mieux: en criant - que Lockshin avait «fait des dons à l'armée ukrainienne de l'argent qu'il a gagné grâce à ce film». Le journaliste Andreï Mevedev a même menacé de tirer sur Lockshin. En outre, le réalisateur a été décrit comme «un russophobe, un traître et une calomnie néolibérale de l'intrépide police secrète soviétique». Le réalisateur et propagandiste du Kremlin, Tigran Keosaïan, a exigé des poursuites pénales contre le réalisateur Lockshin, tandis que Trofim Tatarenkov, un présentateur de la radio d'État russe Spoutnik (qui a admis qu'il n'avait même pas vu le film de Lockshin), a traité le cinéaste de «racaille» et s'en souvenait de façon émotionnelle comment ce genre d'«ennemis du peuple» ont été abattus à l'époque stalinienne.

Michael Lockshin
Michael Lockshin

Conclusion

Le Maître et Marguerite de Michael Lockshin est un film aléatoire avec des bonnes scènes et des moins bonnes scènes qui alternent vite, et parfois même des scènes inutiles. Un film qui aurait pu être mieux servi avec un titre différent pour éviter toute confusion parmi ceux qui attendent une représentation fidèle du roman. Avant sa première dans les salles de cinéma russes, beaucoup de gens m'avaient déjà demandé si j'avais prévu de le sous-titrer en français. J'ai répondu à cette question par un «peut-être» hésitant, qui s’est maintenant transformé en «probablement non». Mais peut-être que je changerais d'avis si une version du réalisateur sortait un jour.

Détails techniques

Réalisateur

Michael Lockshin

Acteurs

August Diehl (Woland), Yevguéni Tsyganov (Le maître), Julia Snigir (Marguerite), Iouri Kolokolnikov (Koroviev), Alekseï Rozine (Azazello), Polina Aug (Hella), Yevguéni Kniazev (Berlioz), Danil Steklov (Ivan Bezdomny), Leonid Yarmolnik (Docteur Stravinski), Aleksander Yatsenko (Aloysius Mogaritch), Alekseï Gouskov (Baron Meigel), Igor Vernik (Georges Bengalski), Marat Bacharov (Likhodeïev).

Date de sortie

25 janvier 2024

Langues

Russe

 


Sous-titres français

Votre webmaster a sous-tireé ce film en français, anglais, néerlandais, allemand et italien. Regardez le résultat dans notre magasin virtuel.

Suivant

 

View My Stats