Nouvelles lois sur la censure en Russie

21 mars 2019

Le 18 mars 2019, il a été annoncé que le président russe Vladimir Poutine a signé deux nouvelles lois contre les «fausses informations» et les «insultes». Les nouvelles lois donnent aux autorités russes la possibilité de bloquer des sites Web et de les punir sévèrement pour avoir publié des informations que le Kremlin n'aime pas.

Le Conseil de la fédération, qui siège comme chambre haute en Russie, a approuvé les lois le 13 mars, après que la Douma d'État, la chambre basse, l'ait déjà approuvée le 7 mars.

Le 11 mars, le Conseil présidentiel russe des droits de l'homme avait exhorté le Conseil de la fédération à renvoyer les textes à la Douma pour examen. Le Conseil, dont l'avis est souvent ignoré par Poutine, a cité la Convention européenne des droits de l'homme et a déclaré que la liberté d'expression ne devrait pas être restreinte en raison de «doutes sur ce qui est vrai».

Selon les nouvelles lois, les autorités peuvent désormais bloquer des sites Web ou des comptes Internet lorsqu'elles publient des messages considérés comme de «fausses informations». Ils peuvent également être punis pour avoir publié du matériel «offensant les symboles nationaux, la société russe ou les autorités».

L'une des conséquences est le fait que le procureur général du pays peut décider de manière atonome si les informations sont fausses ou non, sans ordonnance du tribunal. Une fois que cette décision a été prise, un site peut être bloqué par la censure nationale, la Федеральная служба по надзору в сфере связи, информационных технологий и массовых коммуникаций (Роскомнадзор) ou le Service fédéral de surveillance des communications, Technologies de l'information et médias de masse, abbrévié comme Roskomnadzor. Les amendes pour avoir publié de fausses nouvelles s'élèvent à 100.000 roubles (1.370 euros) jusque 1.500.000 roubles (20.550 euros) pour des infractions répétées. Insulter les symboles et les autorités nationales, y compris Poutine, peut coûter 300.000 roubles (4.110 euros), ou 15 jours de prison pour des infractions répétées.

Les sites Web enregistrés auprès de Roskomnadzor auront la possibilité de supprimer les messages, les autres sites seront bloqués sans préavis en cas d'infraction.

Une centaine de journalistes et de personnalités publiques, dont la militante des droits humains Zoïa Svetova et la célèbre écrivaine Lioudmila Oulitskaïa, ont signé une pétition contre les lois, qu’ils appellent une censure directe. Ils craignent également que la Russie, comme la Chine, s'isole du reste du réseau mondial.

Le 10 mars, 15.000 personnes ont manifesté dans les rues de Moscou contre ces lois. 29 manifestants ont été arrêtés et emmenés par la police. Il y avait aussi des manifestations dans d'autres villes. Le même jour, un nombre d'importantes sociétés Internet russes ont également été ciblées par des pirates informatiques. Ils ont détourné les serveurs de noms de domaine pour rediriger les visiteurs du moteur de recherche Yandex vers les adresses IP des sites Web mis en liste noire par Roskomnadzor. Yandex a essayé de minimiser l'étendue des attaques, mais a admis que les procédures de Roskomnadzor «avaient des faiblesses».

Cliquez ici pour lire plus sur la censure à l'époque de Boulgakov

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